Patricke-Stevie Moungondo, dite Oupta, est une chanteuse authentique par sa voix, son style de chant, sa proximité avec la nature et la tradition. Originaire de la République du Congo, c’est entre sa famille et l’église qu’elle passe son éducation musicale. Comme un métal sous l’influence d’un aimant, elle est irrésistiblement attirée par la musique. Dès sa tendre enfance, elle chante dans des groupes de chants kilombo (genre typique congolais).

Des années plus tard, elle expérimente une autre forme de chant : le gospel, dans le groupe Les Yohani avant de retourner a ses fondements en 1996. Avec ses frères et sœurs, elle monte Les Kelouba, un groupe pratiquant une fusion de gospel et de rythme kilombo. La chaleur familiale et sa passion pour la chanson favorise sa percée artistique. En 2003, elle s’engage dans Lang’i, groupe avec lequel elle participe à plusieurs festivals parmi lesquels le Fespam (Brazzaville), le Festival ACP (Saint Domingue), Le Kolatier (Douala), le MASA (Abidjan), Fest’horn (Djibouti), le Festival Bassango (Pointe-Noire), le Festival Etonnant Voyageur (Brazzaville). Le travail avec ce collectif l’enrichit des influences jazz qui, associées à des rythmes du Congo profond, dévoilent sa véritable identité artistique et, c’est de façon tout à fait naturelle qu’elle entame sa carrière solo. Elle enchaine des tournées au Canada, en Europe et en Afrique. Elle reçoit honneurs et récompenses : Médaillée de Bronze aux Jeux de la Francophonie 2005 au Niger, Finaliste Prix Découverte RFI 2006 (musique du monde), Prix Africa MTV Awards en 2009, Finaliste Prix Découverte RFI 2014.

En 2010, l’année où elle reçoit le Tam-tam d’Or, elle bénéficie également du privilège d’interpréter deux titres de Miriam Makeba dont Pata Pata sous la direction de Hugh Masekela (Festival Congo Ndule Jazz). Des propositions de spectacles coulent à flot et des collaborations se multiplient. Entre l’intensité de sa carrière et la vie qui évolue en elle, elle enchaîne des performances. Malheureusement, elle doit faire face à la douleur de la perte de son enfant. Cette épreuve difficile ne lui fait pas cependant renoncer à son dévouement. Elle trouve du réconfort sur scène car la chanson est un remède contre la douleur. En 2015, Dame Nature lui octroie des jumeaux. Elle décide ainsi de mettre entre parenthèses sa carrière pour se vouer à l’éducation de ses merveilles.
Entre écriture et chant, Oupta laisse son âme vadrouiller dans son vécu, principale source d’inspiration qui fait l’essence de son art. Elle n’écrit pas pour elle seule. La scène est pour elle un grand moment de partage, le rendez-vous le plus propice du donner et du recevoir. « Nul ne peut imaginer ce que ressent un artiste quand il est sur le podium et qu’il est persuadé que le public est en phase avec le message délivré. Devant les spectateurs, les émotions sont vivantes et celles-ci font le baromètre du concert. » dit-elle.

Oupta s’impose le devoir d’offrir le meilleur d’elle-même pour la satisfaction de son auditoire. La musique étant pour l’âme ce que l’eau est pour la fleur, la chanteuse encense des notes pour la joie, l’éducation et l’éveil de l’autre tout comme l’illustrent les titres Bilo Bilo, un message frappant sur le réchauffement climatique (chacun devrait poser un acte pour la sauvegarde de nos forêts), ou Oh Mame, axé sur l’évolution des mentalités pour une société meilleure. L’engagement d’Oupta est évident. Elle dénonce les méfaits de la tradition et les stéréotypes sur la femme. « La femme a son mot à dire. Il lui suffit de croire en elle pour oublier ce qui l’empêche d’avancer car le vrai combat est mental » affirme-t-elle. Dans cette optique, elle projette la création d’une association pour l’émancipation de la femme artiste. Seule femme du groupe Lang’i, leader de son mouvement actuel, Oupta, par son talent, a toujours su mettre en valeur ses opinions dans des milieux à majorité masculine. La voix est une arme contre des idées rétrogrades, insiste-t-elle. Alors, elle met en exergue son statut de chanteuse pour continuer les œuvres militantes de ses aînées telles que Miriam Makeba, Angélique Kidjo, ou encore La musique d’Oupta est une invitation à un voyage aux destinations diverses. Ses rythmes entraînants rappellent dans leurs sonorités le passé des valeurs musicales du Congo et suggèrent une musique aux dimensions universelles. Dans sa vision, elle voit la femme artiste africaine vivre décemment de son art et s’épanouir dans sa passion.

Pour Oupta, l’ouverture de sa fenêtre sur le monde passe par l’inspiration que lui apporte le versant méconnu de son kongo musical.